Photo: Jouni Jormanainen
Deux ans plus tard, je suis de retour en Finlande, et je prends la direction de la Laponie le plus vite possible, parce que c’est l’endroit où je peux conduire ma motoneige. Contrairement à mes amis qui partent en ville le week-end, je me dirige vers la forêt. Parce que j’ai envie, ou plutôt BESOIN, de faire de la motoneige. Peu à peu, tout mon temps libre est consacré aux activités hivernales et, même si j’habite loin de la Laponie, j’en veux encore plus. Lorsque l’été arrive, la neige et la motoneige me manquent déjà. Je suis toujours la dernière du groupe en sentiers, derrière mes amis qui, pour la plupart, sont des athlètes professionnels de toutes sortes de sports motorisés, et ce sont tous des hommes. Mais malgré tout, grâce à un mélange de volonté et de persévérance, je réussis à m’accrocher et à garder le rythme.
Un jour, pendant une pause en plein milieu d’une randonnée très intense, quelqu’un m’a demandé pourquoi je n’avais jamais songé à faire de la compétition de motoneige. Je suis partie à rire en me disant que l’idée était complètement absurde. Je vis dans le centre-ville d’Helsinki, sans espace adéquat pour m’entraîner, sans garage et sans aucune compétence en mécanique. J’ai presque quarante ans, je croule sous le travail et la vie de famille, et je suis physiquement à des années-lumière d’être une athlète. Je n’ai pas d’expérience dans les sports motorisés, et mon emploi du temps est un vrai fouillis. Comme si de rien n’était, je finis mon café, je remets mon casque et je repars sur les sentiers, mais une petite graine a été plantée dans ma tête, et je me rends compte que je ne peux plus m’en débarrasser.
Des amis motoneigistes commencent à faire leur apparition dans ma vie, plus que jamais auparavant. J’aime passer du temps avec des personnes qui partagent la même passion et, même si je suis épuisée après chaque randonnée, l’énergie mentale accumulée pendant ces aventures me permet de tenir pendant des semaines. Et la petite voix que j’entends dans ma tête me dit que j’ai besoin d’en avoir plus. Vers la fin de l’année, mon idée est faite. Je ne sais pas comment le justifier, même à moi-même, mais j’ai pris la décision de me lancer dans la compétition. À commencer par les championnats finlandais de sprint en motoneige. Les gens autour de moi rient et me rappellent à la réalité en me disant que la compétition de niveau national, c’est du sérieux. Mais il s’est déjà passé quelque chose, et mon corps commence à s’adapter.